Initialement prévue pour le printemps 2020, l'exposition "I Peccati" de Johan Creten a été finalement présentée du 15 octobre 2020 au 23 mai 2021 à l'Académie française - Villa Médicis à Rome.
L'exposition "I Peccati" rassemble en Italie, pour la première fois et avec une telle ampleur, une collection de cinquante-cinq œuvres de l'artiste, en bronze, céramique et résine.. Ces oeuvres ont été réunies et juxtaposées à des œuvres historiques de Lucas Van Leyden (1494-1533), Hans Baldung (1484-1545), Jacques Callot (1592-1635), Barthel Beham (1502-1540) et Paul van Vianen ( 1570-1614), autant de jalons qui sous-tendent la pensée de Johan Creten.
Avec Johan Creten, les péchés ne sont pas au nombre de sept. Sept, ce nombre implacable, comme les sacrements de la Bible et les collines de Rome. Ici, les péchés sont infinis et illimités, inépuisables. Ils ne sont pas numérables, mais seulement désignables.
Les péchés ne sont pas tous capitaux, ils peuvent être impériaux, impérieux, périphériques, insidieux, insignifiants, invisibles. Ils sont toujours en deçà du calcul et du langage.
Les sept péchés capitaux sont peu de chose face à la bêtise, la barbarie, l'ennui, la mutilation, le regret, la mélancolie, la terreur, bref, face à la vie. Ainsi, les sculptures de Johan Creten n'ont rien à voir avec la morale ou la sanction, la guillotine ou la censure. Elles parlent de péchés, de la vie qui mêle désir et douleur, espoir et misère, luxe et colère, amour et mort, Eros et Thanatos.
Ils parlent de la vie amphibie, entre le Styx et le Paradis. Ils parlent de la vie instinctive, quand les cœurs battent, quand les mouchards s'enroulent, quand les ailes se déploient, quand les vulves s'ouvrent, quand le rideau bouge et que la vérité nue en sort, enfin, cette Méduse hypnotique. Le péché ne serait-il pas, après tout, la forme fatiguée de la pureté ? Ne renvoie-t-il pas à notre condition d'hommes extrêmement faillibles ? Le péché n'est-il pas, pour citer Victor Hugo, une belle "gravitation" ?