"Les Fabriques ou la Rage des Utopies"
Domaine de la Garenne-Lemot
Clisson, France
Exposition personnelle

"Johan Creten, Les Fabriques ou la Rage des Utopies"
Domaine de La Garenne Lemot, Clisson, France
Du 6 avril au 29 septembre 2024

Johan Creten est convié par le Département de Loire Atlantique pour une exposition carte blanche au domaine de la Garenne Lemot. Près de quatre-vingts de ses œuvres en céramique et en bronze sont ainsi présentées. L’artiste de renommée internationale les a sélectionnées en s’imprégnant de l’ambiance et de l’architecture du lieu afin d’offrir un parcours jalonné de surprises et de moments d’intimité avec ses créations.

Avec un pied dans l’histoire et l’autre dans l’actualité, Johan Creten évoque la complexité de notre monde dans cette exposition « à tiroirs », intrigante, sans concession, utopique et engagée. Amoureux de la matière, chercheur de formes, il se réinvente sans cesse et nous invite à découvrir son univers foisonnant et certains des thèmes qui lui sont chers : l’histoire de l’art, le rêve, l’aspiration à la grandeur et la fragilité du vivant.

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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
HALL DE LA VILLA

L’exposition s’ouvre avec la sculpture Why does Strange Fruit always look so Sweet ? (1998-2015). Cette œuvre est née en 1998, dans le désert du Mexique, lors d’un séjour d’artiste : Johan Creten, alors malade et fiévreux, observait les dattes qui tombaient de l’arbre dans le jardin. Ici, une version en bronze partiellement dorée est exposée. On observe un corps humain qui se métamorphose sous l’effet d’une contamination magique ou biologique. Cette œuvre énigmatique explore l’idée de la résurrection, du cycle de la vie, de la dégénérescence et de la renaissance des choses et des hommes. Une autre version se trouve dans les collections du Bass Museum à Miami.

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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
VESTIBULE

Dans la première salle, on se retrouve face à une table sur laquelle est posée une petite maquette d’un temple. L’œuvre est un « trompe- œil » remarquable fondu en bronze, il s’agit de la célèbre sculpture Le Rêve de la Baronne (2011), une création complexe interrogeant l’idée de la maison, de l’espace privé et de ce qui constitue la base de notre société. Elle est également un hommage remarquable à l’histoire de Clisson et du domaine de la Garenne Lemot : à travers la fenêtre on peut apercevoir sur l’autre rive de la Sèvre nantaise Le Temple de l’Amitié. Édifié entre 1812 et 1819, par l’architecte Mathurin Crucy, il doit son nom à l’amitié qui unissait les frères Cacault au sculpteur François-Frédéric Lemot.

Au sol, dans la même salle, sont disposés quelques objets anthropomorphes étranges, mi-poulpe mi-figure, sur lesquels les visiteurs peuvent librement s’asseoir pour contempler
les œuvres et le paysage. Ici l’art est accessible, rien ne sépare les visiteurs des œuvres dans toute leur matérialité.

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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
SALLE DES COLONNES

Dans la salle de droite, le visiteur est confronté à une série de colonnes monumentales, éternels symboles de l’aspiration des hommes à s’élever. La première est nommée Massu, tel un objet primitif, tribal et martial, comme un rappel de La Colonne sans fin de Brancusi, référence également présente dans une autre œuvre de Johan Creten, Le Baiser. La troisième colonne, La Borne, est une référence à l’histoire de l’architecture, de l’art gothique à la Renaissance en passant par le Baroque : la base suggère un léger mouvement pour évoluer vers la forme d’une cheminée industrielle du XIXe siècle, renforcée par un trompe-l’œil de briquettes réalisé avec la technique de la cire perdue. Un élément étrange semble émerger de cette colonne, évoquant les espaces que l’on trouve dans le monde des jeux vidéo et symbolisant un changement d’époque, l’avènement d’une nouvelle ère où les mœurs et les usages évoluent. Deux bas-reliefs en bronze doré sont issus de la performance C’est dans ma nature. La pièce a été réalisée en banlieue parisienne à Aulnay-sous-Bois en 2001 et recréée à Malines en Belgique en 2021. Johan Creten fait référence au travail de Maurice Maeterlinck et à son œuvre La Vie des Abeilles, offrant une métaphore puissante sur la complexité sociétale. 

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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
SALLE DES BRONZES

Sur une estrade en bois brut sont disposés des socles en céramique colorée surmontés de sculptures en bronze patiné. Certaines sont des réductions d’œuvres majeures de Johan Creten, parmi lesquelles The Herring, sculpture d’une hauteur de cinq mètres actuellement visible en mer du Nord, en Belgique, ou encore La Mouche morte, conservée dans les collections du musée d’Art Moderne de la ville de Paris. Ces œuvres entrent en résonnance avec les bronzes du sculpteur italien Francesco Fanelli (Florence, vers 1590 - 1653), connu comme le premier à avoir réalisé des bronzes de cheminée, objets de décoration destinés à embellir la vie quotidienne.

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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
SALLE DES FORTUNA

Au premier étage, on découvre, dans la Galerie des Illustres, une vieille table en bois sur laquelle reposent des sculptures en céramique, nommées Les Fortuna. Divinité italique, Fortuna est une allégorie de la chance, symbolisant le destin et l’infinité des possibles. Ces formes de grandes voiles repliées en arc de cercle et gonflées par le vent, peuvent se déchirer, comme le montre l’une des versions présentées, mais aussi changer de direction, à l’image de la nature fuyante et changeante de la fortune et des incertitudes qui pèsent sur notre monde.

Ces œuvres sont confrontées à un chef-d’œuvre de la sculpture baroque signé Francesco Bertos (1678-1741), qui provient de la collection personnelle de Johan Creten. Ces deux représentations de la fortune se font face, dans cette Galerie des Illustres, lieu historique révélant la manière dont la fortune influe sur la destinée des hommes et des artistes.

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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
SALLE DES RUINES

Cette salle fait dialoguer des œuvres réalisées à l’Université d’Alfred (État de New York, États- Unis), sous le nom de Alfred Paintings. Elles explorent l’idée de la fissure et des ravages du temps.

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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
SALLE DES ÉTOILES ET DES TRIANGLES

Le salon central de cet étage présente une installation inédite, composée de formes élémentaires en céramique. Étoiles, croix, cercles et triangles, signes clairs et simples, évoquent à la fois la symbolique politique, les croyances et les évolutions sociétales sous forme de signaux rigides. La salle comporte également des Points d’observation, bittes d’amarrage en grès émaillé, sur lesquels les visiteurs peuvent s’asseoir. Johan Creten interroge ainsi la notion de contemplation ainsi que les conditions qui permettent au dialogue de s’instaurer. Sans prendre position, cette salle ouvre le débat sur la rage qui consomme et nous ensevelit.

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© P. Pascal / Département de Loire-Atlantique
SALLE DES MIROIRS

Enfin, le parcours se termine en apothéose, avec la présentation de pièces dorées, créant un horizon éclatant. Elle symbolise ce que l’artiste a nommé la rage des utopies, perspective proprement humaine mêlant violence, craintes et espoir. Des reliefs en grès doré, dont les images abstraites renvoient à des visions d’un autre ordre, expriment l’ambition d’une vie idéale et rêvée. Le parcours dans les différentes salles peut se lire comme le récit d’une complexité relative, allant de l’abstraction à la figuration, d’œuvres historiques, d’œuvres d’autres artistes, œuvres de jeunesse et œuvres récentes afin de raconter une histoire sur le monde actuel.

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"La Grande Colonne", 2010-2023 dans le parc de la Garenne-Lemot. © Philippe Piron

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