Pour l'exposition “Miroir Parlant”, Johan Creten recrée délicatement les conditions d'un dialogue entre ses propres productions réalisées lors de sa Résidence au Centre Céramique Contemporaine de La Borne et six pièces rares et importantes, six céramiques japonaises historiques de sa collection, réalisées dans de grands fours traditionnels comme celui de Tokoname et de Shigaraki. Explorer les possibilités de la cuisson au bois, le mystère des cendres et la force rustique de la région... tels étaient les leitmotivs.
Cette œuvre vous invite à vous immerger, à plonger dans les profondeurs où la lumière oscille, entre une vie invisible où reposent des formes jamais vues, des créatures sans nom, des couleurs de feu...
“À La Borne, il faudrait revenir à chaque heure du jour et de la nuit pour profiter des effets que produisent sur les oeuvres les couchants et les levants, les soleils et les lunes, les nuages et les pluies. Il faudrait observer les sculptures à travers les fenêtres et les kakemonos, goûter les luisances japonaises et les ombres chinoises, approcher les incidences et les réfractions de cette lumière dont nous croyons trop souvent qu’elle est faite pour éclairer, alors qu’elle n’existe que pour dévoiler, pour ôter le voile du réel, ou plus encore pour jouer avec lui. La Borne. L’espace où demeurent les sculptures ressemble à un temple. Manquent l’encens et le gong. Manquent le sencha et la fumée. Car comment ne pas voir dans ces ensembles silencieux, où la délicatesse orfévrée le dispute à l’austère nécessité, une visitation de la cérémonie du thé ? Tout paraît né d’un rituel immémorial, presque archéologique. Les oeuvres doivent être ici et nulle part ailleurs. Le monde est situé. In situ de la beauté. Présence de la splendeur. Il ne peut en être autrement.”